dimanche 29 avril 2007

Chinoises

Un livre de Xinran.
Paru en 2005.
Lu en avril 2007 pour le challenge ABC: lettre X.


L'histoire:

Un dicton chinois prétend que dans chaque famille il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute voix. Une femme a rompu le silence. Durant huit années, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d'elles-mêmes, sans tabou. Elle a rencontré des centaines d'entre elles. Avec compassion, elle les a écoutées se raconter et lui confier leurs secrets enfouis au plus profond d'elles-mêmes. Epouses de hauts dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disent leurs souffrances incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie... Mais elles parlent aussi d'amour. Elles disent aussi comment, en dépit des épreuves, en dépit du chaos politique, elles chérissent et nourrissent ce qui leur reste. Un livre bouleversant, " décapant, à lire de toute urgence pour voir l'importance du trajet que la femme chinoise a dû et doit encore accomplir " (Diane de Marguerite, Le figaro littéraire)

Mon avis:
Un livre dont on ne sort pas indemne. On le referme mais il nous hante, on y repense, on revoit les images marquantes qu'il a inscrit en nous.
Un livre qui retrace huit ans de recherches de la journaliste Xinran sur le thème des femmes dans une Chine qui commence a s'ouvrir mais où les mentalités restent fermées. Xinran nous explique tout d'abord comment elle en est venue à s'intéresser au sort des femmes de son pays. Suivent ensuite différentes histoires qui ont marqué la journaliste: des témoignages reçus dans son courrier, sur le répondeur de la radio ou qu'elle a recueilli au cours de ses recherches. Les histoires de ses femmes chinoises que l'ont croisent dans ce livre sont toutes plus émouvantes, déchirantes et terribles les unes que les autres. On y apprend aussi l'histoire de sa mère et celle de son enfance. J'ai souvent eu les larmes qui me montaient aux yeux et pourtant je ne suis pas si émotive que ça en règle générale. Je me suis souvent surprise à me dire: "mais comment est-ce possible? Comment des choses pareils peuvent-elles encore exister à notre époque? Comment peut-on encore traiter les femmes comme de purs objets ou une simple marchandise?" ... (il faut garder à l'esprit que le livre se termine en 1997, il y a dix ans à peine). Xinran elle-même, épuisée émotionnellement par toutes ses découvertes, finit par abandonner la Chine pour l'Angleterre où elle publie ce livre pour tenter de faire comprendre aux femmes occidentales ce que c'est d'être une femme en Chine, mais aussi pour décharger son coeur - un des ses amis, le vieux Chen lui conseille: "Si vous n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur".
"Quand la Chine a commencé à s'ouvrir, ce fut comme si un enfant affamé dévorait tout ce qui lui tombait sous la main sans faire de distinction. Plus tard, alors que le monde découvrait une Chine rose de bonheur dans ses nouveaux atours, qui ne hurlait plus de faim, la cvommunauté des journalistes a assisté, muette, aux convulsions de ce corps ravagé par les douleurs de l'indigestion. Mais c'était un corps dont le cerveau stérile car le cerveau de la Chine n'avait pas encore développé les cellules nécessaires pour absorber la vérité et la liberté. Le divorce entre ce qu'ils savaient et ce qu'il leur était permis de dire mettait à rude épreuve la santé mentale et physique des journalistes." (p.330)
Un livre magnifique que toute femme devrait lire pour comprendre quelle chance nous avons de vivre à notre époque dans des pays "privilégiés" et que ce n'est pas encore partout aussi simple d'être une femme...

Ma note:
Sans hésitation: 10/10 pour ce magnifique témoignage...

A noter:
Découvrez un peu plus Xinran et son livre à travers un très bel entretien sur eurasie.net que je vous insite grandement à aller lire.
L'avis de Fibula et de Lhisbei.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je le note dans ma lal.

mais roman ou reportage ?

Loutarwen a dit…

Michel: En fait, il s'agit de différents reportages et différentes expériences vécues par la journaliste qui ont été rassemblsé en un livre. Donc plutôt reportage...

Véronique Raffin Lagier a dit…

Dire que certaines femmes se partagent une seule robe et que nous en avons plein les placards
on découvre au dernier chapitre dans ce village au fin fond de la Chine malgré des conditions préhistoriques que ces femmes affichent leur bonheur et on se plaint!!!!!!!!!

Véronique Raffin Lagier a dit…

je remets un commentaire car je voudrais vous signaler 3 auteurs à lire absolument François Cheng "Le dit de Tianyi" et "l'éternité n'est pas de trop", Jung Chang "Les cygnes sauvages" et "Soie" d'Alexandro Baricco

susane a dit…

C'est avec plaisir que je regarde votre site ; il est formidable. Vraiment très agréable à lire vos jolis partages .Continuez ainsi et encore merci.

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