mercredi 18 juillet 2007

Un petit tour à la bibliothèque

J'ai été quelques jours absente de la blogosphère littéraire parce qu'une de mes amies est venue passer un peu de temps avec moi à Paris (pour les curieux, c'est ici). Mais vendredi dernier, je suis passée à la bibliothèque. Ca y est, maintenant je suis inscrite aux bibliothèques de Paris, je vais pouvoir emprunter presque autant que je veux!

Voici donc mon sac à la sortie de la bibliothèque:
  • Une saison à Venise de Wlodzimierz Odojewski
Venise, avec ses canaux, ses places et même ses gondoles, peut-elle tenir toute entière dans une cave inondée? C'est en tout cas ce que veulent croire les occupants d'une maison par où, en ces premiers jours de guerre, se faufilent comme une eau claire les rêves d'évasion de toute une famille.
Métaphore charmante, chronique d'une folie douce, ce roman simple et loufoque du polonais Odojewski, né en 1930, est d'une drôlerie jubilatoire, mais de cette drôlerie qui ne peut sourdre que des événements les plus affligeants: l'adieu à l'enfance, le début de la guerre, la perte des illusions.

Une saison à Venise lu en juillet 2007; ma critique ici.
  • Hôtel Iris de Yoko Ogawa
Il existe sur cette terre de longues journées assommantes que le soleil asservit. Mari connaît bien cette impression de langueur ou de paresse moite, elle qui s'occupe, en compagnie de sa mère dominatrice et sévère, d'un petit hôtel en bord de mer, l'hôtel Iris. Mari est belle et ne le sait pas encore. Pour elle, l'amour et ses jeux sont des concepts sans consistance, comme les vagues de chaleur sur une route brûlée. Un soir, à l'hôtel, un vieil homme provoque un esclandre avec une prostituée. Mari est fascinée par le vieillard, par le timbre de sa voix, par son allure digne et majestueuse. Un homme pourtant sur qui courent les plus folles rumeurs : un assassin, un obsédé aux pratiques sexuelles immondes... Quelques jours plus tard, Mari croise le vieil homme en ville. Instinctivement elle le suit et ne pourra répondre à la question qu'il finira par lui poser : "Pourquoi me suivez-vous mademoiselle ?" Elle ne le sait pas. Mais d'ores et déjà elle sent battre en elle les pulsations du désir. Dans un style d'une grande pureté, Yôko Ogawa déploie les voluptueux tourments d'une histoire d'amour sans limites entre un vieillard tourmenté et une jeune fille avide de découverte. Le livre refermé, il flotte encore cette atmosphère particulière que Yôko Ogawa décrit avec talent : chaude et sucrée, comme le plaisir et la douleur entremêlés.

Hôtel Iris, lu en juillet 2007; ma critique ici.
  • Borges et les orangs outangs éternels de Luis Fernando Verissimo
Vogelstein, le narrateur, professeur d'anglais et traducteur, a jadis traduit une nouvelle de Borges pour une revue. Comme il ne connaissait pas la réputation de l'écrivain argentin et qu'il trouvait son texte mauvais, il s'est permis quelques « améliorations » en leur donnant une touche à la Edgar Poe.
A la suite des vives protestations de Borges, Vogelstein se rend à Buenos Aires pour lui présenter des excuses. Mais Borges lui oppose une fin de non recevoir catégorique.
En 1985, une association de spécialistes de Poe se réunit à Buenos Aires. Vogelstein est invité. Il est logé dans le même hôtel que les principaux participants qui se détestent entre eux et essayent de saborder leurs travaux. Lors de l'inauguration il rencontre Borges qui semble ne pas se souvenir de cette vieille histoire de traduction remaniée.
A l'hôtel, en plein milieu de la nuit, Vogelstein reçoit un appel au secours d'un des participants, Joachim Rotkopf. Affolé Vogelstein va frapper à sa porte et comme il ne reçoit pas de réponse, se fait ouvrir par le concierge. Le corps de Rotkopf gît par terre, dans une mare de sang et dans une étrange position. Le congrès est suspendu. Borges, intrigué, invite Vogelstein pour que celui-ci lui décrive ce qu'il a vu. Ensemble, il échafaudent une farandole de théories sur le meurtre à partir de la position du cadavre, face à un miroir, et formant une lettre de l'alphabet.
Lovecraft, Lewis Caroll, Walter Benjamin, la Kabbale, la Bible sont successivement invoqués à mesure que les rivaux de Joachim Rotkopf sont soupçonnés et finalement innocentés. Vogelstein rentre à Porto Alegre où il écrit cette histoire comme Borges lui a recommandé de le faire. Et la réponse de Borges est, bien sûr, l'élucidation du crime.

Borges et les orangs outangs éternels, livre lu en août 2007; ma critique ici.
  • Les chevaliers du subjonctif d'Erik Orsenna
Après l'immense succès de La Grammaire est une chanson douce, découvrez les nouvelles aventures de Jeanne et Thomas dans l'île des Subjonctifs. - Qui êtes-vous ? je veux dire : qui êtes-vous, les Subjonctifs ? Des malades ? Des dangereux ? Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi le dictateur Nécrole vous déteste tant, pourquoi il veut lancer l'assaut contre vous. - Je te l'ai expliqué : le subjonctif est l'univers du possible. - Et alors ? - Réfléchis un peu, Jeanne. Qu'est-ce que le possible ? Quelque chose qu'on pourrait faire... Mais qu'on n'a pas fait. Pas encore fait. Pas voulu faire, Réclamer le possible, tout le possible, c'est critiquer le monde tel qu'il est, la pauvreté, les injustices. Et donc critiquer ceux qui veulent que rien ne change : ils se satisfont très bien du monde tel qu'il est. - Le subjonctif est un mode révolutionnaire, c'est ça ? - On peut le dire. Maintenant, je comprends mieux pourquoi on peut avoir peur de vous. C'est vrai que vous dérangez. Je voudrais adhérer. - Pardon ? - Adhérer à votre club. - Il ne s'agit pas d'un club, Jeanne. Nous formons une chevalerie. "

Les chevalier du subjonctifs, livre lu en juillet 2007; ma critique ici.
  • Impressions à la saison des pluies de Ge FeiOuvrez ce recueil et partez découvrir la Chine, celle que l'on croit connaître comme celle qui nous est parfaitement mystérieuse ! Dans ces deux merveilleuses nouvelles, Ge Fei séduit par son style enlevé, parfois moqueur ou distancié, toujours emprunt de tendresse.
Impression à la saison des pluies, livre en cours de lecture en août 2007.
  • La nuit des calligraphes de Yasmine Ghata
" Ma mort me fut aussi douce que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l'encrier, plus rapide que l'encre bue par le papier. " Ainsi parle Rikkat, la calligraphe ottomane, d'une voix flottant entre ombre et lumière, alors qu'elle entreprend le récit de sa vie. En 1923, adolescente, elle sait déjà que rien ne pourra la détourner de la calligraphie. Pourtant, la même année, rompant avec l'Islam, la république d'Atatürk abolit progressivement la langue et l'écriture arabes au profit d'une version modifiée de l'alphabet latin. Serviteurs d'Allah et des sultans, les " ouvriers de l'écriture " sont mis au rebut et leurs écoles délaissées. Dans l'une d'elles se croisent Selim, l'ancêtre virtuose, et Rikkat, chargée de fournir papier et roseaux taillés à ces vieillards tenus en mépris par le nouveau régime. Le suicide de Selim va sceller un pacte inviolable entre la jeune élève et l'art des calligraphes. Avant de mourir, l'homme lui a légué son écritoire et son encre d'or, et il lui léguera bien davantage au cours de ses facétieuses visites d'outre-tombe. Mais la passion de la calligraphie possède Rikkat autant qu'elle la dépossède : sa vie de femme et de mère n'est qu'une succession de ruptures et d'abandons. Et c'est toujours dans l'écriture qu'elle s'épanche, communiquant alors aux arabesques une émotion qui humanise et modernise cet art immémorial. Mêlant le monde méconnu des pratiques scripturales - royaume de l'étrange et du mysticisme - et la Turquie contemporaine livrée aux influences occidentales, Yasmine Ghata signe un premier roman classique et inspiré.

La nuit des calligraphes, livre lu en juillet 2007; ma critique ici.

Retrouvez toutes mes critiques avant le 24 août.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai noté 'la nuit des calligraphes' suite au post d'Allie et je l'ai offert à ma swappée. Je pense le lire également.

Loutarwen a dit…

Anjelica: C'est également Allie qui m'a donné envie de le lire!

Anonyme a dit…

le Ge Fei est dans mon challenge ABC 2008 :) J'attends ton avis avec impatience mais profite bien des vacances en attendant :)

Jules a dit…

la nuit des calligraphes me donne très envie, je vais le réserver à la biblio...

Loutarwen a dit…

Flo: il m'a l'air très intéressant... Je te dirai ;-)
Jules: Il m'intéresse beaucoup aussi... C'est Allie qui m'a donné envie de le lire!

Katell a dit…

Que des romans que je rêve de lire!
A bientôt pour les commentaires ;-)

Loutarwen a dit…

Katell: Je suis en plein dans Hotel Iris actuellement, et je peux déja te dire que j'adore! ;-)

Anonyme a dit…

Quelle belle pal, j'ai lu Hotel iris il y a peu et j'ai ha^te de lire ton comm final... les autrs me tentent bien aussi :-)

Anonyme a dit…

Un petit tour à la bibliothèque qui a été fructueux à ce que je vois! ;) Vivement de lire tes

critiques :)
J'espère que La nuit des calligraphes vous plaira à toutes ;)

voyance gratuite a dit…

Je vous félicite pour ces merveilleux partages. Continuez ainsi !
Amicalement